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Le Caftan dans tout ses Etats

Tag: Caftan marocain

L’Art de la Broderie de Perles sur Caftan

La broderie à la main sur Caftan se fait sur des motifs du dessin (modèle) en association avec un styliste ou  le  créateur du caftan.

Il existe plusieurs familles de points : les points de croix, de nœuds, linéaires et plats. En haute couture, le point de Lunéville est très utilisé pour la pose de perles, paillettes, plumes, coquillages, rubans et lacets dans le prêt-à-porter de luxe.

Broderie point de Lunéville

Broderie point de Lunéville

A la demande de plusieurs de mes amies, j’écris donc cet article sur la broderie de perles à la main qui donne au caftan une valeur énorme.

La broderie ne concerne pas que le fil puisqu’il s’agit de l’embellissement d’un Caftan. On peut donc broder les perles, des paillettes, des pierres, des Swarovski, du cristal que vous pouvez trouvez chez des artisants à la Médina.

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La pose de perles sur une grande surface de tissu peut être longue et fastidieuse si vous réalisez ce travail à l’aiguille ; c’est pourquoi on effectue généralement ce travail au crochet de Lunéville.
Les brodeuses qui ne connaissent pas cette technique mais ont vu le film « Brodeuses » ou connaissent le travail de l’atelier de M. LESAGE (reportage des Racines et des Ailes) voient de quoi je parle … La pièce est tendue sur un métier et on travaille sur l’envers.
Les fournitures sont chargées sur le fil d’une bobine et posées sur l’envers (sous le métier)…

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J’espère avoir répondu le plus clairement possible à vos questions, mais si ce n’est pas le cas n’hésitez pas à me laisser un message.

Si mon article vous a plu partagez le autour de vous et notez le sur mon site www.nadiatlemsanistefanova.com

Le dernier maître du brocart

Le brocart, cette riche étoffe de soie, reconnaissable entre mille, est aujourd’hui en voie de disparition. Il ne subsiste plus qu’un seul et unique atelier de tissage à Fès, tenu par Haj Abdelkader Ouazzani. Portrait du dernier des tisserands.

brocart-(2012-07-04)

Fès. Au détour d’une ruelle de l’ancienne médina, une échoppe abrite le dernier tissage de brocart artisanal dans tout le Maroc. Ici, les métiers à tisser font figure d’outils d’une autre époque. Et c’est Abdelkader Ouazzani, dernier maître du brocart, qui veille jalousement sur cet héritage. Dans son minuscule atelier, les bruits et les gestes sont les mêmes depuis des siècles : les pédales claquent et les fils se croisent et se décroisent dans un parfait enchaînement pour obtenir, au final, de chatoyantes étoffes. Au premier abord, l’atelier dégage une impression de dénuement. Mais très vite, on découvre ce qui fait la fierté de son gardien : de somptueux coupons de brocart.
En voie de disparition
Tisserand depuis sa jeunesse, Haj Ouazzani est un passionné. Cela fait plus d’un demi-siècle qu’il exerce ce métier. “Je travaille le brocart depuis près de 55 ans et j’en ai presque 70 aujourd’hui. J’ai moi-même appris ce métier auprès d’anciens maâlmin qui ont aujourd’hui tous disparu”, raconte- t-il d’une voix émue. A l’époque où il entrait dans le métier, une vingtaine d’ateliers de tissage étaient consacrés au brocart à Fès. De nos jours, il n’en subsiste plus qu’un seul : le sien. A l’intérieur, quatre métiers à tisser Jacquard sont encore en activité. Leur bois est patiné par les mains des tisserands qui se sont succédés aux commandes. Car ces métiers sont restés tel qu’on les a importés voici plus de cent ans. Mais pour combien de temps encore ? “Je ne vous cache pas que j’ai peur que ce métier disparaisse avec moi. Çaa me fend le cœur de voir qu’il n’y a plus personne pour perpétuer ce patrimoine. Je ne demande qu’à transmettre mon savoir pour que le brocart puisse survivre”, dit-il.
Mais le seul héritier de ce savoir-faire ne se fait pas d’illusion. “De nos jours, les jeunes se tournent vers des métiers qui exigent moins de minutie, mais qui rapportent plus d’argent”, regrette-t-il. Selon lui, le tissage de brocart est un métier qui demande beaucoup d’attention, de persévérance et d’effort, et qui rapporte finalement peu. Les jeunes ne sont plus intéressés par ce genre de métiers. “Ils sont trop impatients et veulent tout avoir tout de suite. Ils veulent commencer par le haut de l’échelle, sans passer par l’étape de l’apprentissage”. Il faut beaucoup de patience pour devenir tisserand de brocart. Cet art s’acquiert au fil des années. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. “J’en ai vu passer beaucoup qui ont essayé de s’y mettre et qui n’ont pas réussi. C’est un travail qui exige une grande constance. On tisse en moyenne un mètre de brocart par jour”, explique Haj Ouazzani.
D’or et d’argent
Il en faut du savoir-faire et du temps pour accomplir un tel ouvrage ! Pour confectionner un coupon de caftan, par exemple, il faut compter au minimum une semaine. Pour un beau salon traditionnel en “bahja”, ce sont deux mois de travail, sinon plus.

“EN VOIE DE DISPARITION, LE BROCART CONSTITUAIT, À UNE CERTAINE ÉPOQUE,LE CAFTAN DE LA MARIÉE PAR EXCELLENCE.”

Dans l’atelier de Haj Ouazzani, le temps s’écoule donc au ralenti. Il se mesure en semaines, voire en mois, selon l’importance de l’ouvrage. C’est la raison pour laquelle le tisserand ne travaille que sur commande. “Les amoureux du brocart existent encore. On s’adapte aux envies de chacun : une couleur ou un motif en particulier… Je suis toujours à l’écoute de mes clientes et je remets mes créations au goût du jour”. Car notre tisserand ne se contente pas de reproduire les mêmes dessins, ceux qui existent depuis des générations. Il crée aussi des motifs à la demande, donnant ainsi à ses créations un cachet souvent unique. Ses brocarts sont tissés de soie, de fils d’or et d’argent, de sabra… “C’est selon l’envie de chaque cliente et la mode du moment”. Et apparemment, il n’y a pas que les Marocaines qui raffolent de ces riches étoffes brochées d’orr ett d’argent. “On est venu de partout dans le monde pour acquérir mes brocarts uniques”, raconte fièrement Abdelkader Ouazzani. Une fierté qui va si bien à ce créateur dont les œuvres fascinent par tant d’élégance.

Gardien des traditions
Haj Ouazzani est aussi l’héritier d’une longue tradition, car le tissage du brocart ne date pas d’hier. Introduite au Maroc par les Andalous, la technique de tissage de cette étoffe était initialement utilisée dans les larges ceintures portées par les bourgeoises de Tétouan. “C’étaient des ceintures de plus de 30 cm de large que les Tétouanaises portaient sur leurs caftans. Ces ceintures en brocart étaient confectionnées par les artisans de Fès”, raconte le tisserand. Ce n’est que beaucoup plus tard que le brocart a commencé à servir pour la réalisation des caftans et des voiles des mariées fassies. La belle étoffe aux motifs à fleurs, reconnaissable parmi des centaines, constituait à une certaine époquee “Le” caftann dee laa mariéee parr excellence ».
Et après des siècles de rayonnement, et alors que cette riche étoffe est aujourd’hui en voie de disparition, Haj Ouazzani, le dernier des tisserands, s’accroche encore. “J’ai accompli mon devoir dans cette vie et je continuerai de faire ce métier jusqu’au dernier souffle”. Il ne voit pas d’autre issue en dehors de la formation d’une relève pour préserver ce patrimoine marocain. “Mon atelier est grand ouvert”, insiste- t-il. En attendant une meilleure implication des autorités compétentes, il espère que son fils prendra la relève : “Il semble s’intéresser à mon travail et vient de temps à autre m’aider dans l’atelier. Mais je n’ai pas l’impression qu’il ait l’intention de perpétuer ce patrimoine après ma disparition”.
Face à cet avenir incertain, Abdelkader Ouazzani continue cependant de promouvoir son métier, en participant notamment aux foires et expositions à chaque fois qu’il le peut. Son savoir-faire, reconnu dans les sphères de l’artisanat, a été maintes fois récompensé. En 2008, par exemple, il a reçu le trophée “Métier d’Art” dans le cadre du salon professionnel de l’art de vivre et de l’artisanat du Maroc “Riad Art Expo”. Il a même été pressenti pour faire partie du patrimoine humanitaire de l’UNESCO. La belle consécration !

 

Découvrez mes Caftans et Takchitas fait en Brocart

La Djellaba Marocaine : Le costume national au fil du temps et des aiguilles

La Djellaba, symbole de maintes valeurs patriotiques, costume officiel de l’allégeance (La Baiâ), habit certifié des membres du gouvernement au parlement, portée depuis des siècles par tous les Monarques du Maroc pendant les fêtes religieuses ainsi que les cérémonies officielles, a toujours été et perdure l’habit représentatif de la femme marocaine.

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Difficile de ne pas ressentir de fierté devant la beauté majestueuse de notre costume national, patrimoine extraordinaire, qui ne se contente pas de continuer à exister, mais s’est laissé porté au fil du temps, pour évoluer et s’adapter à chaque époque grâce à la passion et le savoir-faire de grandes figures marocaines de la création stylistique.

Dès l’indépendance de notre pays en 1956, la femme marocaine déterminée à participer à la construction d’un Maroc riche de ses Hommes et sa culture, a troqué le « haïk : un large tissu de coton ou de laine de à peu près 5 mètres de longueur sur 1.60 M de largeur qui couvre le corps de la femme ainsi que son visage » contre la Djellaba, qui était jusqu’alors un habit masculin.

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L’habit a entamé son parcours avec un premier aspect : couleur sombre et coupe large associées à un voile en mousseline sur le visage et une capuche soigneusement épinglée couvrant les cheveux, puis n’a cessé de connaître d’importantes métamorphoses au fil des quatre dernières décennies, pour se retrouver aujourd’hui à des années lumières de son image péjorative de « cache misère » ou pure « aliénation vestimentaire ».

La Djellaba s’est désormais réservé une place dans le monde de la Haute Couture : Symbole d’élégance porteur d’un merveilleux message de la belle envergure de notre patrimoine culturel.

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Fière de son parcours, la Djellaba marocaine s’est mise au diapason de l’évolution des modes de vie et des mentalités. Adoptée à Hollywood par Elisabeth Taylor depuis les années 80, portée par Attar Hakim, Ilham Chahin et Nabila Oubeid ainsi que d’autres figures emblématiques dans de grands événements du Cinéma Arabe. Eh oui ! cela fait belle lurette que la Djellaba a apprivoisé d’autres horizons en prenant le large mais nos stylistes marocains continuent à garder leur droit d’auteurs, à la rêver et la remodeler avec finesse et un beau souffle d’émancipation tout en lui préservant son authenticité en conjuguant tradition et modernisation.

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Elizabeth Taylor en Djellaba Marocaine

Réinventée dans les moindres détails, coupes tantôt sobres, tantôt rebelles, la Djellaba continue à assumer sa fonction et sa capacité à s’adapter à toutes les occasions, et symbolise encore l’habit de «l’ouker :deuil» pendant les trois jours de recueil qui suivent les funérailles dans la tradition marocaine.

Voyageant au gré du vent, elle ne renie pas ses origines et puise tous ses matériaux des petites mains des artisans marocains, continuant à exercer leur métier dans les petites boutiques qui constituent l’âme de l’ancienne médina : Laâkad, Sfifa, le tissage de la soi et des tissus en lainage, des détails dont seuls nos artisans détiennent les secrets. Notre patrimoine est un gisement de savoir-faire qui ne saura s’épuiser et dont la valeur n’arrête de croître. Chaque année, des centaines d’explorateurs et d’exploratrices de ce magnifique gisement, qui ont refaçonné la Djellaba afin de lui donner encore plus de splendeur et davantage d’ouverture, nous invitent à des voyages dans le temps, l’art et la culture lors des différents défilés, au Maroc et à l’Etranger. Forts de leur esprit de créativité et de rénovation, tous déploient tous leurs sens au triomphe de la Djellaba. Nos fervents créateurs et créatrices revendiquent ces évènements comme un hommage à toutes ces femmes, dans leurs maisons en médina, qui ont usé leurs yeux sur les canevas de broderies ou à fabriquer minutieusement les Akads une par une. Un hommage à tous ces enfants apprentis artisans qui ne cessent de frotter le fuseau servant à façonner le fil contre leurs mains et cuisses puériles. Un hommage à tous ces maâllems anonymes qui donnent naissance à la Djellaba centimètre par centimètre en toute délicatesse.

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La Djellaba, costume se conjuguant au masculin et au féminin, tunique maghrébine néanmoins représentative de la femme marocaine, cet habit, tel le phénix, a toujours su renaître de ses cendres.

Chaque année, à deux semaines du mois de Ramadan, le magazine « Citadine » organise un défilé de Djellaba. Cette manifestation présente des femmes et des hommes sous toutes les coutures dans un show insolite : Un défilé où Maghreb, Occident et Orient se conjuguent au présent au sein du Riad le plus révélateur de la beauté architecturale du Palais Tazi de Rabat- Maroc, face à la merveilleuse coupole vitrée, symbole de la richesse que génère le mariage des cultures. Maghreb, Occident et Orient se conjuguent au présent pour nous rappeler un beau message : La force que procure l’ouverture à la différence. Différence de cultures signifiant avant tout complémentarité et donc enrichissement.

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Un événement d’une telle envergure exige un budget proportionnel à son impact culturel et socio-économique. Ciel Mon Maroc ne pouvait en aucun cas se permettre la prétention de mener « Djellaba 2006 » à réaliser ses espérances et atteindre les objectifs culturels qu’il mérite sans partenaires décidés à adhérer à la promotion de notre patrimoine. Initié par l’Agence Ciel Mon Maroc Communication, le « Défilé Djellaba » est soutenu par la mairie de Rabat, qui corrobore sa prédisposition et son ouverture à associer la ville à tous les événements culturels à l’instar de toutes les Capitales des pays développés et la contribution de Mégatel. Pour ce premier lever de rideau, le magazine « Citadine » se veut être partenaire et promoteur de cet événement artistique dans la perspective d’en faire le rendez vous annuel incontournable des grands stylistes. La Première chaîne nationale RTM a adopté l’événement et prouve une fois de plus son engagement à soutenir les projets artistiques et culturels prometteurs. La chaîne arabe art sera présente témoignant ainsi de la portée d’un tel show et le franc intérêt que le monde arabe accorde à la pérennité du patrimoine culturel marocain.

Découvrez ma collection de Djellaba ici

L’Histoire du Caftan

Avant de prendre le Caftan à bras le corps dans son acception actuelle, marocaine et résolument féminine et de vous proposer mes collections, je désirais en comprendre mieux les origines et les codes. Car s’il y a une tradition du Caftan très vivace aujourd’hui et que son fief est le Maroc, le Caftan a une histoire plus vaste qui a transcendé les frontières et les âges.

Certains s’accordent à retrouver jusque dans les manches des empereurs de Chine, l’essence du caftan. En fait, le caftan fut d’abord un habit masculin, particulièrement apprécié des peuples cavaliers de l’Asie centrale. L’habit, ressemblant alors davantage à un manteau ouvert à l’avant, fut adopté par bien des peuples au cours de l’Histoire, y imprimant chacun leurs couleurs et expressions. Les caravaniers qui, pendant des siècles, ont sillonné les contrées d’Asie centrale et de la péninsule arabique reliant l’Orient à l’Occident, transportaient au moins autant de culture dans leurs cargaisons que de coupons de soie et d’épices fines.

ImageCaftan Ouzbek

Je me suis souvent inspirée de l’esprit de ces caftans des premières heures pour mes créations. J’ai retenu les coupes épurées, complètement ouvertes à l’avant et les couleurs franches, mais les ai en revanche appliquées à des voiles brodés et perlés, apportant de la fluidité, de la transparence et surtout de la lumière.

Les traditions perse et ottomane ou le caftan reflet du faste impérial

Si l’Histoire de l’habit est tissée d’influences et confluences culturelles, l’étymologie du mot nous porte, elle, en Perse puis dans l’Empire Ottoman où le « qaftan » sera véritablement sublimé.

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Les Turcs prirent Constantinople en 1453 et quittèrent ainsi leur condition de peuple nomade pour le faste d’un empire qui, à son apogée, s’étendra de l’Algérie au golfe persique et de la mer rouge aux portes de l’Autriche. A l’image de leur épopée, l’habit du peuple des steppes évolua. Le caftan des steppes sobre et pratique pour répondre aux impératifs d’une vie nomade et éprouvante, se para des marques de la puissance et de la richesse du nouvel empire. L’empire perse voisin, héritier d’une tradition millénaire, influencera très sensiblement le goût de son nouveau et opulent voisin. Le caftan, devenu symbole de magnificence et de distinction, nécessitait alors des mois pour être réalisé par les artisans ottomans qui le brodaient, le perlaient et le bordaient de passementeries au fil d’or et d’argent. Ces joyaux devinrent alors naturellement des présents d’honneur à la Sublime Porte. Si bien que l’Académie Française, en digne fille de son temps, définit alors le caftan comme une « robe de distinction en usage chez les Turcs » que « le Grand Seigneur envoie aux personnes qu’il veut honorer ».

Les deux caftans suivants, le premier étant perse, le second ottoman mais tous deux de la même époque, illustrent clairement les similitudes de goût vestimentaire à la cour du Grand Turc et à celle du Shah :

ImageCaftan perse en faille crème brochée en soie polychrome, galonné or,

doublure bordée de taffetas jaune XVIII-XIXème siècle

ImageCaftan ottoman en soie violine motifs végétaux stylisés et sequins, Passementeries

au  fil métallique, Turquie, fin du XVIIIe – début du XIXe siècle

Le caftan d’apparat développé à la cour des empereurs perse et ottoman est le véritable ancêtre du caftan moderne. Les fines étoffes et les riches passementeries au fil d’or, d’argent ou de soie sont les fondamentaux de toutes mes créations, ainsi que la réalisation des caftans entièrement à la main, dans le respect du savoir-faire ancestral des maîtres artisans.

La passion orientale

À la fin du XVIIème siècle, Paris s’entiche de l’univers capiteux du Grand Turc avec la visite forte en couleurs de Soliman Aga à la cour de Louis XIV. Les contes des Mille et Une Nuits traduits en 1704 ouvrent les portes d’un univers exubérant et mystérieux et continue à alimenter, en Europe, la fascination pour la sensualité et les fastes orientaux. Le caftan fait alors fureur entre les dames de l’aristocratie et c’est portant caftan et travaillant à un ouvrage de broderie que la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, pose pour la postérité :

ImageMadame de Pompadour en qualité de sultane

Carle Van Loo, 1750-1754

Voici quelques autres exemples de l’engouement de ces dames pour ce qu’on appelait alors les « turqueries » :

ImageMadame Adelaïde, Princesse de France, en costume turc

Jean-Etienne Liotard, 1753

Jean-Etienne Liotard (1702-1789, portrait de Laura Tarsi en costume turc, Cambridge Fitzwilliam museum

Portrait de Laura TarsiJean-Etienne Liotard,  1741

Le mouvement orientaliste

L’intérêt de l’Occident pour l’esthétique orientale ne se démentira pas au fil des ans, bien au contraire. Ce n’est plus uniquement le voyage d’Italie que les jeunes gens souhaitent faire alors pour parachever leur formation intellectuelle et esthétique, comme c´était le cas à la Renaissance. Le voyage initiatique s’étend désormais jusque sur les rives méridionale et orientale de la Méditerranée. Au XIXème siècle, la colonisation porte le monde oriental au devant de l’actualité. Artistes et écrivains occidentaux tentent l’expérience orientale et s’imprègnent de la culture dont ils nous laissent de vibrants témoignages.

José Tapiró i Baró, peintre espagnol, nous invite, dans cette toile éclatante de couleurs, à participer aux préparatifs de mariage de la fille du chérif de Tanger :

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Les essentiels de les modèles caftans se retrouvent déjà dans ce tableau : le jeu sur les matières notamment via la superposition de riches étoffes brodées et de voilages transparents, les contrastes de couleurs ou encore les rubans et boutons de passementeries qui parcourent les bords des caftans. Mes créations se caractérisent également par le grand soin apporté aux ceintures qui finissent de définir la silhouette féminine. Les ceintures ne sont pas de simples accessoires, mais de véritables parures qui brillent de leur propre éclat tout en sublimant le caftan.

Le caftan marocain, le caftan contemporain

Bien avant que les Turcs ne délogent les Byzantins et donc que l’empire ottoman ne voit le jour, les élites fortes mobiles de l’empire omeyyade qui s’étendit de l’Indus à la péninsule Ibérique et dont les deux cœurs battaient alors à Damas et Cordoue, ont transmis, à partir du IXème siècle, la mode et les goûts orientaux aux cours andalouses. Entre le IXème et le XVème siècle, les émirats arabo-andalous, épris de beauté et de raffinement, ont progressivement donné au caftan une touche particulière.  Le caftan s’enrichit des traditions des peuples variés qui composaient l’Andalousie. Le caftan andalou jouant sur les matières, les superpositions de voilages et les couleurs, se distingua et pris pied au Maroc. Lorsque le dernier royaume mauresque fut défait en 1492, nombre d’artisans andalous traversèrent le détroit de Gibraltar pour s’installer à Fès, Salé, Rabat…L’art andalou rencontra l’esthétique berbère et le caftan trouva des expressions nouvelles au Maroc où depuis il n’a cessé d’évoluer.

ImageFemme de Tanger

Antonio Padrales

C’est dans le terreau riche d’un Maroc à la croisée des mondes, intrinsèquement lié à l’Andalousie mauresque puis au contact direct de l’empire ottoman, que prendra forme la quintessence du caftan tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il y a à peine quelques dizaines d’années, le caftan était l’habit du quotidien comme des grandes heures. Aujourd’hui, les jeunes femmes du Maroc ont troqué pour la plupart le caftan quotidien contre le jean et le tailleur mais pas une n’a abandonné le caftan d’apparat. A la moindre occasion spéciale, les marocaines ne reconnaissent pas de concurrent au caftan, il est cette part de rêve et de sensualité à laquelle nulle ne voudrait renoncer. Le caftan s’est adapté au goût du temps sans en perdre pour autant son âme et il connaît, dans sa déclinaison contemporaine, un engouement renouvelé au Maroc comme au-delà de ses frontières. De grands couturiers dont Yves Saint-Laurent qui collectionnait les caftans ou encore Roberto Cavalli, se sont pris de passion pour cet habit tissé de tradition et de rêve et s’en sont inspirés pour leurs collections. Le caftan a également été mis à l’honneur par des artistes contemporains tel que Fquih Regragui, pour ne citer que lui :

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Vous pouvez découvrir ma collection de Caftan ici